St Florent
Histoire de l'église.
Si la vie de saint Florent, avant de succéder à Saint Arbogast sur le siège épiscopal de Strasbourg, n’est connue que par la légende, la suite est avérée exacte même si certaines dates paraissent aléatoires. L’origine de NiederHASLACH remonte à saint Florent que l’on place vers la fin du 6ème siècle.
Il fonda l’abbaye de HASLACH au dernier tiers du 6ème siècle sur des terres épiscopales. De ce fait, Haslach possédait son propre tribunal ayant juridiction sur plusieurs villages. Il siégeait trois fois par an, était présidé par le représentant de l’évêque « l’avoué » assisté de 14 échevins.
L’abbaye fut mentionnée pour la première fois en 826 et fut transformée au 11ème siècle en un chapitre de chanoines.
C’est donc autour de celle-ci que se développa le village de HASLACH avant de devenir deux villages distincts, OberHASLACH fut mentionné pour la première fois au 11ème siècle.
A la révolution, les moines furent chassés, l’abbaye fut démantelée et ses biens confisqués et vendus.
La paroisse, incorporée à l’abbaye de Niederhaslach, avait encore à ce moment et jusqu’au début du 19ème siècle plusieurs filiales : le Gensbourg et le Munchhof (villages aujourd’hui disparus) Urmatt et Oberhaslach qui ne devinrent autonomes qu’au début du 19ème siècle.
La légende de saint Florent :
Né de parents nobles en Ecosse, il a quitté dans la fleur de la jeunesse sa famille et sa patrie pour porter au loin la Parole de l’Evangile. S’étant joint à quelques compagnons, il est arrivé après un long périple en Alsace à un endroit où coule le ruisseau appelé par les habitants la « Hasel ».
Il s’établit en ermite au pied du Ringelsberg, défricha un lopin de terre qu’il ensemença de quelques graines. Mais les bêtes sauvages foulèrent son jardin et les mangèrent au fur et à mesure qu’elles poussaient. Confiant en Dieu, il leur ordonna de ne plus y toucher et enfonça aux quatre coins de son jardin une baguette pour en marquer les limites. Et voici que les bêtes n’y touchèrent plus. Un jour, les chasseurs du roi Dagobert qui demeurait à Kirchheim, poussèrent leur battue jusqu’à l’endroit où vivait l’anachorète et y trouvèrent un gibier fort nombreux.
Soupçonnant l’homme de posséder des pouvoirs maléfiques, ils se jetèrent sur lui et lui prirent le peu qu’il possédait. Mais sur le chemin du retour, leurs chevaux s’embourbèrent dangereusement. Considérant cela comme une punition divine, ils se repentirent et retournèrent auprès de l’ermite pour lui demander pardon. Revenus au palais, ils racontèrent leur mésaventure au roi qui avait une fille aveugle et muette nommée Rathilde. Très impressionné, il envoya des messagers auprès de Florent pour le prier de venir guérir sa fille. Montant sur son âne, le thaumaturge se rendit à Kirchheim. Arrivé à quelque distance du palais, la princesse retrouva la vue et la parole et s’écria « Voilà le saint homme qui m’a guérie ! ».
Etant entré dans le palais du roi, il ne se présenta personne pour lui prendre son manteau. Confiant en Dieu et pour montrer que c’est par Dieu que le miracle s’est réalisé, il accrocha son vêtement à un rayon de soleil. Pour récompenser le saint homme, le roi lui donna tout le territoire dont il pourra faire le tour pendant qu’il prendra son bain. A son retour le roi venait d’y sortir et Florent lui tendit son gant pour achever la toilette.
En réalité, le diplôme de la donation du roi Dagobert, malgré les efforts qu’on a faits pour lui donner un air de vérité, est un faux qui se révèle être l’œuvre d’un chanoine du 12ème siècle extrêmement intéressé à assurer le patrimoine du chapitre.
Saint Florent est également reconnu comme le fondateur de l’abbaye de saint Thomas à Strasbourg où il fut enterré après sa mort. L’Evêque Rachio fit transférer ses reliques à Haslach le 7 novembre 810 prétextant que c’était le vœu du Saint. En réalité, il voulut asseoir l’autorité des évêques de Strasbourg sur les biens qu’ils détenaient depuis plusieurs siècles. Ce transfert répondait sans doute aussi aux velléités expansionnistes en Alsace des évêques de Metz et parce qu’il avait choisi ce lieu pour son propre lieu de sépulture le moment venu.
C’est à partir de ce moment que Haslach devint un lieu de pèlerinage qui perdure toujours. Saint Florent est sollicité pour la guérison des maux de ventre, hernies, maladie des yeux, et en encore dans un passé proche, les paysans venaient implorer la protection de ce supposé ami des animaux pour leur bétail et les animaux de leur ferme dont dépendait leur subsistance.
Historique de la construction de l’église.
Le transfert des reliques de saint Florent à Haslach, le développement de la collégiale, le pèlerinage florissant fit la fortune du Chapitre, d’où la décision de construire une église digne de leur saint.
L’église de Niederhaslach est une magnifique collégiale datant des XIIIème et XIVème siècles, classée monument historique depuis 1846 par Viollet-le-Duc. Elle compte parmi les plus beaux joyaux de l’art gothique en Alsace.
Il y eu trois églises à Niederhaslach.
La première église préromane, probablement du temps de saint Florent, fut révélée par des fouilles entreprises au 19ème siècle. Elle fut citée pour la première fois dans une charte en 1096, et n’était pas grande.
L’origine de la deuxième église remonte à 1274. Dans une indulgence émise cette année là, l’évêque Conrad de Lichtenberg appelle les fidèles à soutenir la reconstruction de l’église vétuste et en ruine.
Mais malheureusement, le 2 juin 1287, un incendie du à la foudre détruisit la nouvelle construction sauf l’abside qui resta intact. Une inscription sur l’un des contre-piliers du chœur rappelle cet incendie.
La reconstruction de la 3ème église, encore plus grande que la précédente, fut entreprise par Gerlach Von Steinbach, fils de l’architecte de la cathédrale de Strasbourg, ce qui explique certaines similitudes avec cette dernière. Mais il y trouva la mort accidentellement en tombant d’un échafaudage en 1330. Sa dalle funéraire est conservée à la collégiale dans la chapelle dite de la Vierge. Les travaux durèrent jusqu’en 1385 soit 55 ans pendant lesquels l’église fut fortifiée et entourée d’un mur d’enceinte.
Le chapitre de Haslach et par conséquent le village lui-même connurent plusieurs périodes difficiles, notamment pendant la guerre de l’évêque Walter de Geroldseck en 1262, la guerre des Rustauds ou des paysans en 1525, la guerre de 30 ans qui vit arriver les Suédois qui mirent tout à feu et à sang. L’église fut partiellement incendiée le 6 juin 1633 malgré l’intervention du roi Louis XIII. Ce n’est qu’après sept décennies qu’elle retrouva un toit.
Puis se succédèrent en 1744 la guerre de Pandours qui la transformèrent en boucherie, en 1778, la guerre de la succession de Bavière où elle servit d’écurie, puis la révolution française sans que le bâtiment n’ait à subir de dommages significatifs.
C’est de 1854 à 1870 que le dynamique curé de l’époque, l’abbé Jean-André Kramer entreprit une nouvelle restauration devenue nécessaire et qui se termina définitivement en 1877. Les travaux furent dirigés par M. Boeswillwald, architecte des Monuments de France et qui lui donnèrent l’aspect actuel.
Le 3 juillet 1989, le conseil municipal pris la décision d’entreprendre à nouveau des travaux indispensables de restauration qui se déroulèrent en plusieurs phases : de 1990 à 1996 pour l’extérieur et de 2000 à 2006 pour la partie intérieure.
La collégiale abrite, après la cathédrale de Strasbourg, le plus grand nombre de vitraux narratifs médiévaux et originaux de toute l’Alsace. Le vaisseau et le choeur offrent de nombreux jeux complets des 13ème et 14ème siècles et forment une collection exceptionnelle et unique dans la région . Ces verrières ont échappé par miracle aux différents évènements (incendies, pillages, conflits) qui ont ponctué l’histoire mouvementée de l’édifice depuis sa construction.
Outre les vitraux, d’autres éléments architecturaux valent le déplacement :
un des derniers Saint-Sépulcre du 14ème siècle en parfait état et conservé dans une église
un baptistère de forme octogonale du 13ème siècle,
le chœur des chanoines avec ses stalles, ses lutrins et ses boiseries,
le grand lustre
l’abside, partie la plus ancienne du bâtiment, datant du 13ème siècle, en forme de dodécagone à 7 pans et ses vitraux d’une très grande beauté.
le reliquaire de saint Florent (1716) et le gisant de l’évêque Rachio.
A l’extérieur :
un portail sculpté ainsi qu’une rosace de 4 m de diamètre du début du 14ème siècle sur la façade occidentale.
un magnifique « mont des oliviers » avec des restes de polychromie (1492) adossé au mur côté nord et qui figure parmi les plus anciens conservés en Alsace.
Histoire des reliques de saint Florent et de son reliquaire
Evêque de Strasbourg, Saint Florent fut enterré après sa mort à Saint-Thomas, abbaye qu’il avait également fondée.
Le 7 novembre 810 l’évêque RACHIO fit transférer les reliques de saint Florent de Strasbourg à Haslach, lieu qu’il avait élu pour sa propre sépulture.
Mais, au cours du début du XIIe siècle, les chanoines de Saint-Thomas répandirent le bruit que Haslach possédait de fausses reliques et que ce sont eux qui détenaient le corps de saint Florent. Eclata alors ce qu’on appela « la guerre des reliques » qui ne s’achèvera qu’au moment où Saint-Thomas passa au protestantisme lors de la Réforme.
Les reliques, au cours des différents conflits, ont souvent dû être mises en sécurité. A Saint-Dié pendant la guerre des princes protestants, à Molsheim pendant la guerre de trente ans, à Mutzig puis de nouveau à Molsheim pendant la guerre de Hollande, à Strasbourg au couvent Sainte Madeleine pendant la guerre de succession d’Espagne et en 1744 à Saint-Etienne.
Elles revinrent définitivement à Niederhaslach le 7 novembre 1744 pour ne plus quitter le village.
Pendant la révolution française, elles furent cachées par les habitants du village au risque de leur vie.
La châsse de saint Florent est en cuivre doré et a été exécutée en 1716 par Jacques Fajard, un des premiers orfèvres français installés à Strasbourg.
A l’intérieur, se trouve un coffret, dont la structure est en bois et le décor en stuc doré, qui a été réalisé en 1853 par le menuisier Florent Striffler et le sculpteur Alexandre Rudloff, tous deux originaires du village, pour mettre à l’abri les reliques qui avaient été souillées accidentellement par de l’huile de la lampe du sanctuaire.
Inscrit sur l’inventaire des monuments historiques, le reliquaire a fait l’objet de plusieurs restaurations dont la dernière date de novembre 2011.
Le jardin lapidaire ou Jardin du cloître.
C’est une partie du vaste enclos fortifié médiéval qui abritait en plus de l’église, un cloître romaine, le cimetière des chanoines et celui des paroissiens.
Le cloître se situait au nord-est de l’église et dont une partie subsistait encore au début du 19ème siècle.
Au milieu du 19ème siècle, l’abbé Kramer releva une soixantaine de dalles funéraires datant du 13ème au 18ème siècle dont il en reste 38 d’après un récent relevé, un gisant sous un enfeu gothique du 14ème siècle, un chemin de croix baroque du 17ème siècle, qui constitue un patrimoine qui mériterait d’être restauré et mis en valeur et une grotte de lourdes édifiée en 1930.
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